La rafle du Vel d’Hiv sous le bleu du ciel
La rafle du Vel d’Hiv De Maurice Rajsfus, d’après “Opération Etoile Jaune” (Cherche Midi), “La rafle du Vel d’Hiv” (PUF) et “Chroniques d’un survivant” (Noesis) Mise en scène et avec Philippe Ogouz Du mercredi au samedi à 19h Tarifs : 13 ou 24 euros Réservation en ligne ou par tél. au 01 42 33 42 03 Durée : 1h20 Manufacture des Abesses |
Jusqu’au 11 novembre 2017 Dans un magnifique récit autobiographique, Maurice Rajsfus raconte avec des mots d’enfant et d’historien l’un des épisodes les plus noirs de l’Histoire de France. Comment la police française a délibérément et minutieusement organisé, pour complaire à la Gestapo, la rafle de plus de 13.000 juifs parisiens, adultes et enfants parqués comme des bêtes le 16 juillet 1942. Le comédien Philippe Ogouz se saisit de ce texte pour en faire un bouleversant moment de théâtre.
Accompagné du musicien Paul Bredki à l’accordéon qui ponctue ce monologue de délicieuses et nostalgiques complaintes en russe, français ou yiddish, Philippe Ogouz est ce garçon pas encore pubère de 14 ans, le regard clair comme le ciel de ce mois de juillet 1942 où les oiseaux chantent encore et les enfants rient. A Vincennes, dans son collège situé entre la rue de la Liberté et celle de l’Egalité, on chante les louanges du Maréchal Pétain mais les cours se déroulent dans le plus grand calme, dans une discipline plutôt militaire. Quand le gamin arrive un matin avec une grosse étoile jaune cousue fermement sur sa veste, le silence des gamins creuse déjà le fossé qui séparera ces enfants des autres, ce fossé qui les conduira vers Drancy avant de périr dans les camps de Pologne. Car les parents du jeune Maurice, qui prend ici la parole avec une légèreté faussement candide, pour passer ensuite à une ironie mordante, dénonçant notamment les odieux instigateurs de ce gigantesque crime comme René Bousquet, Secrétaire général de la Police de Vichy, le Préfet Bussière ou Hennequin qui dirigeait la police, les parents donc se sont respectueusement rendus au Commissariat de leur arrondissement pour acheter, avec leurs propres coupons d’achat, les trois étoiles jaunes réglementaires. Ce sont eux aussi, qui, une fois parqués comme des animaux sans issue ni toilettes, ont demandé à leurs deux enfants, Maurice et sa soeur, puisqu’on les y autorisait, à partir, à fuir. Décision oh combien douloureuse, mais tellement intelligente ! Ce texte magnifique et formidablement incarné par Philippe Ogouz nous parvient aujourd’hui avec la force d’une parole vibrante qui agit comme un coup de poing dans le coeur. Pour ne jamais oublier. Hélène Kuttner [Crédits Photos : © Fabienne Rappeneau ] |
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